Contrairement aux films couleur, les films noir et blanc sont rarement disponibles en version inversible. Quelques kits existent mais ils sont pensés pour le 135 en volume.
Dans le cadre du développement de bobines de film cinématographiques, les kits existants ne sont pas adaptés.
Les kits existants
Les kits de développement inversés sont peu nombreux. On peut trouver :
- le kit Adox Scala à 39€ pour 8 films 35mm
- le kit Foma à 35€ également prévu pour 8 films 35mm
- Ilford publie une recette, mais ne fournit pas de kit

Compatibilité des films
Les fabricants conseillent des films à base transparente, conçus pour l’inversion. En pratique, beaucoup de films classiques donnent de bons résultats.
Je recommande ceux-ci :
- Fomapan 100
- Fomapan 400
- Ilford FP4
- Ilford HP5
Certains films fragiles, comme Agfa Aviphot Pan 200, peuvent mal réagir au bain de blanchiment. L’émulsion peut se décoller ou couler.
Le procédé d’inversion
Lors d’un développement classique, l’agent de développement provoque l’opacification des cristaux de nitrate d’argent qui ont été illuminés, ce qui crée donc des zones sombres sur le film là où la scène photographiée était lumineuse. Pour obtenir une image négative sur le film, on fixe le film à ce stade.
Le fixateur sert à dissoudre les cristaux non exposés qui pourraient s’assombrir avec le temps.
Si on souhaite inverser l’image directement sur le film il est nécessaire, avant fixation, de modifier l’image en deux étapes :
- retirer les zones sombres (blanchiment et nettoyage)
- assombrir les zones claires (réexposition et second développement)
Pour la première étape, on utilise du permanganate de potassium qui va retirer les cristaux ayant été opacifiés par le développeur. Les cristaux qui n’ont pas été illuminés lors de la prise de vue restent intacts.
Le permanganate laisse un résidu brunâtre sur le négatif qui est nettoyé avec une solution de métabisulfite de sodium.
Il s’agit maintenant d’assombrir tous les cristaux restants sur le négatif en les exposant à la lumière puis en procédant à un nouveau développement.
Un bain de fixateur est recommandé dans les deux kits, son utilité semble cependant relative : en théorie il ne reste plus de cristaux de nitrate d’argent non développés sur le film.
Après le traitement on obtient donc une image positive sur le film :

Les images ainsi obtenues sont visuellement très belles, et il est possible de les projeter à l’aide d’un projecteur à diapositives.
Utilisation cinématographique
Ce procédé est également utilisé dans le cadre du cinéma afin d’obtenir des films projetables sans copies intermédiaires.
Une caméra 16mm argentique embarque en général 30m de film ce qui représente environ 4 min à 16 images par seconde. Pour développer de tels films, j’utilise des cuves de développement LOMO UPB-1A et UPB-1 :


Les volumes de chimies nécessaires sont :
Cuve | Film | Volume chimie |
Paterson | 135-36 | 290ml |
UPB-1A | 16mm x 30m | 1800ml |
UPB-1 | 16mm x 10m | 700ml |
Avec le kit Foma (2,5 L de chimie), on peut au maximum traiter 40m de film 16mm. Ce n’est pas pratique à long terme, que ce soit pour le coût ou le stockage.
Données techniques des chimies proposées
Foma
Les données techniques du film Fomapan R indiquent la composition des bains recommandés par Foma :
Adox
On trouve la composition des bains du kit Adox dans sa fiche de sécurité :
Ilford
Ilford publie également un procédé :
Reproduction des chimies
Développeur
Chacun des trois fabricants préconise l’un de ses développeurs, pour ma part c’est le Fomatol LQR qui est utilisé car il me sert également pour les tirages papiers.
Blanchiment
Le bain de blanchiment varie en composition :
Marque | Agent oxydant | Acide sulfurique |
Foma | Dichromate de potassium 5g/L | 2g/L (2%) |
Adox | Permanganate de potassium 2g/L | 0% |
Ilford | Permanganate de potassium 2g/L | 2g/L (2%) |
Foma utilise du dichromate de potassium, deux fois plus lourd que le permanganate, ce qui explique le dosage plus élevé.
Le permanganate de potassium est disponible chez Disactis mais le dichromate semble interdit de commercialisation dans l’UE.
Le kit Adox n’utilise pas d’acide dans le bain de blanchiment ; je n’ai pas testé cette option, mais il est possible que le blanchiment soit moins efficace ou plus lent. En contrepartie, cette formulation pourrait convenir à des films plus fragiles.
Nettoyage
Marque | Composé utilisé | Formule chimique | Concentration |
Foma | Bisulfite de potassium | HKSO₃ | 50 g/L |
Adox | Sulfate de sodium | Na₂SO₄ | 50 g/L |
Ilford | Métabisulfite de potassium ou sodium | K₂S₂O₅ | 25 g/L |
Les différents composés ne sont pas équivalents chimiquement mais remplissent le même rôle.
Le Métabisulfite de sodium est disponible chez Disactis.
Reproduction du kit Foma
Afin d’éviter de devoir préparer les solutions à chaque session de développement, j’ai opté pour le principe du kit à diluer : chaque bain est préparé à concentration stock, puis dilué juste avant usage. Exactement comme Foma.
Le kit Foma est comporte donc 5 solutions :
- Partie A : Le développeur, du Fomadon LQR
- Partie B1 : Une solution de permanganate de potassium
- Partie B2 : Une solution d’acide sulfurique
- Partie C : Une solution de Métabisulfite de sodium
- Partie D : Le fixateur, du Fomafix
J’utilise déjà du Fomadon et du Fomafix donc je ne les reproduirai pas pour le moment.
Les solutions B1, B2 et C sont à utiliser dilluées à 10% soit 30ml de solution plus 270ml d’eau pour 300ml de chimie.
Solution B1
250ml de solution doit contenir la dose de permanganate de potassium requise pour 2,5L de chimie, soit environ 5g. Le dosage est donc de 20g/L
Solution B2
250ml de solution doit contenir la dose d’acide requise pour 2,5L de chimie, soit environ 5g. Le dosage est donc de 20g/L
L’acide sulfurique se trouve dilué à 15% chez Leroy Merlin, pour limiter les dégâts sur l’émulsion je l’utilise à 10% ce qui donne environ la moitié du dosage suggéré par Foma et Ilford.
Solution C
250ml de solution doit contenir la dose de métabisulfite requise pour 2,5L de chimie, soit environ 75g. Le dosage est donc de 300g/L